On prend un café w/ Salah

Cette semaine, nous sommes allés prendre un café Chez Salah, endroit unique et hors du temps, ouvert depuis 1965 et situé dans le quartier de l’Union, pile-poil entre Roubaix et Tourcoing.

Chez Salah

Vous connaissez sans doute l’histoire de Salah, prié dès 1991 de quitter son café pour que puisse se construire, à la place, un éco-quartier.
Mais Salah ne voulait pas quitter son café. Même pour tout l’or du monde.
Ses enfants y ont grandi, il y avait tous ses souvenirs.
Il n’a pas cédé. S’est battu. N’a pas démordu.
Et au bout de 20 années de combat, il a gagné. Son café restera là.
Comme quoi, y a pas que les grands qui rêvent

L’histoire du Café de Salah, nous l’avions entendue, évidemment.
Et pourtant, nous n’en avions jamais franchi la porte.
Alors qu’il se situe à 5 minutes à peine de notre bureau.
Aujourd’hui, c’est chose faite. Et on y reviendra, c’est certain.

Parce que chez Salah, on s’y sent bien.
Chaque chose est à sa place depuis des années. Ça a un côté rassurant.

Avec Salah, on discute surtout avec les yeux.
Les siens sont empreints d’un regard doux, adorable et bienveillant.

De temps en temps, il nous raconte une petite anecdote comme celle de ce client qui s’est mis à draguer une autre cliente sous ses yeux. Salah s’est alors interposé en lui lançant « qui te dit qu’elle n’est pas ma fiancée !».  Le lendemain, le client dragueur revenait avec cette petite plaque que Salah garde précieusement sur son mur (le rapport n’est pas évident évident mais il nous manque peut-être des bouts de l’histoire).

Chez Salah

On prend plaisir à écouter aussi toutes ces petites histoires du temps où le Café pouvait se transformer en « dancing » et ne pouvait décidément pas recevoir de personnes de moins de 18 ans. En effet, on y diffusait des « films de femmes qui se mettaient nues ». Aujourd’hui, les habitués ne dansent plus sur les tables et ne regardent plus non plus de films, quelqu’en soit leur genre. Mais le lieu reste toujours interdit aux mineurs.

Chez Salah

Le jour où nous sommes allés voir Salah, 4 habitués se sont succédés sur les tables en formica. Chacun évoquant avec plaisir ses propres souvenirs avec le lieu.

Comme cette dame, qui a connu le Café de Salah à son ouverture.
Elle avait 16 ans.

Ou ce monsieur accoudé au comptoir qui nous racontait avoir dansé sur les tables à plusieurs reprises.

Ou cet autre client qui travaillait dans une des usines textiles voisines.

Et puis chez Salah, au delà de tous ces souvenirs évoqués et de tous ces trésors au mur, il y a aussi le jukebox ! Qui n’a pas bougé depuis 1971.
Il a tout de même été amputé du moteur qui lui permettait de diffuser des films (les fameux films des « femmes qui se mettaient nues »).
Pour la petite histoire (vous n’êtes pas à une histoire de plus), au moment où ce projecteur est tombé en panne, Salah en a parlé à un monsieur qui a emmené le moteur pour le réparer. Mais ce monsieur n’est jamais revenu et a gardé le moteur. Ce dernier était, en effet, mort entre temps et tout son barda (dont le moteur de Salah), jeté par ses enfants.

Ce jukebox ne peut donc plus diffuser de film « de femmes qui se mettaient nues » mais les 45 tours sont toujours là. « Il est encore en francs, forcément » alors si vous n’avez pas de francs sur vous et que vous lui demandez gentiment, Salah vous fera un plaisir de vous le charger.

Et là, entre Daniel Guichart, Claude François, Gérard Palaprat, Dick Rivers, Adamo, Sacha Distel, … vous n’aurez que l’embarras du choix pour emplir le petit café d’un charme supplémentaire.
Sauf que… Vous vous rendrez vite compte que les étiquettes ne correspondent plus aux disques. Mais ce n’est qu’un détail qui, au lieu d’en enlever, ajoute encore plus de charme à l’engin.

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Pour tout vous dire, avant d’arriver chez Salah, nous avions prévu de lui poser tout un tas de questions comme « comment les réseaux sociaux vous ont aidés dans votre combat », « aujourd’hui, qui anime votre page Facebook ? », « Comment ça se passe ? »… mais on en a rien fait. On s’est laissés porter par la magie du lieu. On s’est contentés d’écouter.
On a bien essayé à un moment d’évoquer Internet et de ce qu’on pouvait y lire de son histoire mais un client nous a coupés en nous disant « Je ne suis pas sûr qu’il sait que ça existe, vous savez ».

Il ne saurait donc rien de cet anonyme qui lui a ouvert une page Facebook ?

Il ne saurait rien non plus de tous les témoignages d’affection qui lui sont dédiés sur le web ?

Et encore moins de tous les avis positifs laissés sur les sites d’avis par des visiteurs de passage ?

C’est fort probable mais nous, on aimerait beaucoup que son histoire continue à être racontée, sur le web, sur les réseaux ou ailleurs.
Parce que depuis qu’il a gagné son combat en 2011, les nouveaux clients se font rares Chez Salah.

Il ne saura rien de l’éventuel check-in que vous publierez chez lui.

Il ne saura rien de la note que vous donnerez à sa page lieu sur Facebook.

Il ne saura rien de la photo de son incroyable café que vous publierez sur Instagram.

Mais nous, on a envie de vous encourager à le faire.
Même s’il n’en saura jamais rien.
Prenez le temps d’aller boire un café, une bière, un jus d’orange chez ce grand monsieur aux yeux si doux.
Vous ne le regretterez pas. Promis !

« À jeudi, hein Salah ! »

Chez Salah,
133 rue de Tourcoing
Roubaix

Vous travaillez chez Ankama, au siège de Damart ou de La Redoute ? Vous n’êtes qu’à 3 min de ce voyage dans le temps !
Si vous travaillez au siège de vertbaudet, il ne vous faudra que 5 min pour y arriver.
Vous travaillez chez OVH ? En 6 min vous y êtes !
Depuis le siège de Phildar, Webdistrib ou Tape à l’Oeil, il vous faudra compter seulement 7 min.
Amis des 3 suisses, de chez Jules, Happychic et Auchan, vos bureaux ne sont qu’à 10 min.
Quant à vous qui travaillez chez Chausport ou Okaïdi, comptez 11 min !

Chez Salah

Cafetier

Toujours à bloc, spécialiste des grands crus et rigoureux dans le dosage, je suis cafetier chez OP1C (et il y a du taf !)

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